Objet du mois, janvier 2022

Le tourisme, industrie nationale

par Jérôme Anders (1893-1983)

Publié aux Éditions Luxembourgeoises en 1933 par l’économiste Jérôme Anders, secrétaire de l'Union des villes et centres touristiques du Grand-duché de Luxembourg et co-fondateur des premières auberges de jeunesse, Le tourisme, industrie nationale se veut une « œuvre pratique ».

L’auteur, ami de Max Goergen (1893-1978) à qui il a dédicacé un exemplaire de son livre retrouvé à Wilwerwiltz dans la maison de campagne de ce dernier [*], considère, ayant décrit l’impact des règnes successifs de la diligence, du chemin de fer et de la bicyclette et enfin celui de l’automobile et de la motocyclette sur le développement du tourisme national, que, l’industrie du tourisme moderne, adepte d’indépendance, de liberté et de confort, étant devenue un « facteur de prospérité de la plus grande importance », il faut lui « imposer une politique positive susceptible de coordonner tous les efforts épars ».

Anders montre, en citant sur plusieurs pages les noms des structures et des responsables, que depuis les années trente l’intervention conjointe de l’Etat et de l’Office belgo-luxembourgeois (affiliés aux grands organismes internationaux) a su faire de la « propagande touristique » un moyen de conquête très efficace.

Afin de pouvoir instaurer concrètement une « politique rationnelle » et concurrentielle, basée impérativement sur les statistiques (à l’exemple de champions du tourisme comme l’Italie ou la Suisse), il propose d’avoir recours entre autres à la distribution de brochures, à l’organisation de foires touristiques et « d’events » susceptibles d’attirer les foules ainsi qu’à l’aménagement des promenades et des sites touristiques.

La mise en œuvre de cette politique porte, aujourd’hui, ses fruits : le Natur- & Geopark Mëllerdall vient en effet de soumettre sa candidature pour devenir géo-parc mondial UNESCO. Aussi, nous voilà remis sur le vélo pour des randonnées « vélocipédiques » ... Mais la « reine de la route » ne sauvera pas l’auberge. Du moins pour le moment ...

Voici en effet bien loin l’époque où l’hôtelier, « propriétaire gâté par la nature et l’afflux des touristes » rechignait à enlever ses « savates éculées » ... Bien loin aussi, hélas, l’époque où le touriste, désireux de s’instruire en voyageant, sillonnait le pays, monographie en main.

Or, un siècle plus tard, ce « besoin impérieux de se « dépayser » est tel - [paraphrase oblige] - qu’y soustraits, nous en éprouvons une vraie souffrance morale ... »

 

[*] « A mon cher Max Goergen en hommage affectueux Jérôme Anders ».

 

Martine Künzer

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