De retour à Paris où il avait suivi des études en beaux-arts, quand il ne séjournait pas dans son Alsace natale ou à Echternach, le pays de son épouse, le peintre Émile Charles (Charly) Knorr (1890-1965) dédicace à Max Goergen (1893-1978) le 10 octobre 1927 son album La Petite Suisse luxembourgeoise dans lequel il traduit en textes et en dessins les beautés d’une région qui lui tient à cœur.
Particularité de l'exemplaire retrouvé à Wilwerwiltz, dans la très grande bibliothèque de celui qui fut co-fondateur en 1926 – alors qu'il venait d'accéder à la profession d'avocat – de la revue Jong-Hémecht : une photo qui représente Charly Knorr au « jardin des prélats », entouré d'une fillette et d'un petit garçon, devant son chevalet, le dos tourné au pavillon rococo epternacien qu'il s'apprête à peindre. « Au bout du Parc, près de la Sûre, / Comme un diamant entouré d'émeraudes / S'érige un bijou d'architecture ... »
Chantre de « décors de rêve » visités entre Echternach et Clervaux, en passant par Vianden, Stolzemburg et Esch-sur-Sûre, Knorr semble répondre dans ses vers – qui certes n'ont pas toujours été épargnés par les critiques – mais surtout dans ses aquarelles et dessins à une double sollicitation : personnelle (la fascination exercée par « ce paradis perdu », ces paysages mystérieux qui tels la Vallée de l’Our « sous les flots, dans la nuit » disparaissent) et officielle (la ville d’Echternach se préparait depuis le début des années 20 à fêter le 50e anniversaire de sa Société d’Embellissement).
À comparer l’œuvre avec les ‹ embellissements › réalisés (la construction d’un pavillon au Trooskneppchen ; l’aménagement de la gorge des loups et de centaines de kilomètres de sentiers touristiques donnant accès au Val des Meuniers p. ex.), on comprend mieux l’approche et le choix opéré par l’auteur qui, suggérant au touriste de demander à la Société d’Embellissement en complément de l’Album le Guide d’Echternach, décrit dans sa préface un vrai parcours touristique … non sans exprimer le vœu, somme toute moderne, de nous « faire ressentir à nouveau, par quelques croquis pendant les longues soirées d’hiver, […] les nombreuses émotions esthétiques et sportives, l’amour enfin […] pour ce pays où le touriste […] retrouve la joie de vivre en même temps que la santé ».
À vous donc de garder cet album dans votre bibliothèque …
Martine Künzer