Dans le fonds Aline Mayrisch du CNL se retrouvent des témoignages variés de nombreux voyages en Europe et en Asie. S’il est assez facile de reconnaître les localités représentées sur les cartes postales, il n’en va pas de même pour les photos sans inscription au dos.
En 1928, après la mort de son mari Émile, Aline Mayrisch part pour la Perse en compagnie de sa fille Andrée, de Joseph Hackin et de René Grousset. Les voyageurs s’arrêtent brièvement à Moscou avant de rejoindre Baku, puis Téhéran. Ils visitent les principaux sites archéologiques de la culture perse et reviennent en Europe via l’Irak et la Palestine. Tout au long de sa vie, Aline Mayrisch a appris à connaître la culture orientale à la fois par des échanges avec des scientifiques comme Paul Masson-Oursel, Hackin, Grousset, par des livres sur la culture et la philosophie d’Inde, du Japon et du Moyen-Orient et par des déplacements en Turquie et Palestine, Perse, en Chine et au Japon.
Nous voulons mettre en évidence ici une tour octogonale en briques, une de trois grandes photos initialement non identifiées parmi les images du voyage de 1928 (CNL L-37; III.1.2.4). La découverte de l’existence des photos en ligne des « Archives de la planète » du banquier et philanthrope Albert Kahn nous faisait espérer une identification facile. Cependant, une recherche géographique n’a pas permis d’y localiser cette construction. Cependant, il est impressionnant d’y découvrir à la fois les photos du monde entier ramenées de missions commandées par Kahn et le travail sur les métadonnées, permettant des recherches ciblées sur telle région (par nom et sur des cartes), sur tel type d’habitat (bâtiments religieux, militaires ou civils) ou sur tel photographe (http://collections.albert-kahn.hauts-de-seine.fr/).
Finalement, c’est une recherche via un moteur de recherche avec « tour octogonale » et « Iran », suivie d’une comparaison visuelle avec les photos des résultats qui a permis l’identification : le bâtiment mystérieux est la tour bleue (Gunbad-i Qabud) à Maragheh ou Maragha, une ville au nord-ouest de l'Iran, tour qui est beaucoup moins en ruine en 2020 qu’en 1928. Ainsi, les technologies modernes se révèlent parfois bien utiles quand il s’agit d’explorer des images anciennes et des sujets inconnus.
Nicole Sahl