Le journaliste et écrivain Paul Katow (1949-2008) est surtout connu pour ses romans policiers et ses écrits sur la musique classique. Il a pourtant fait ses premiers pas dans la bande dessinée. C’est en 1963, alors âgé de quatorze ans, qu’il se met à écrire et dessiner la série Les Aventures de Murdstone et Alden. Jusqu’en 1966, il aura dessiné sept aventures complètes, de plus de 60 pages chacune. Les six premières BDs sont dessinées au crayon dans des cahiers d’école au papier quadrillé. La dernière est dessinée au crayon, au stylo feutre, à l’encre de chine et au lavis sur papier à dessin.
C’est avant tout l’œuvre d’Edgar Pierre Jacobs qui a servi de modèle à Paul Katow, à commencer par les deux personnages principaux, Murdstone et Alden. Les deux hommes sont calqués sur Blake et Mortimer, de la série éponyme de Jacobs, et leur première aventure reste très proche de l’album La Marque jaune sorti en 1956. Paul Katow refaçonne l’intrigue en amalgamant éléments du roman noir et de la science-fiction, pour arriver à quelque chose qui soit à la fois familier et surprenant. Pour les aventures suivantes, en revanche, il puisera son inspiration davantage dans le roman d’espionnage.
Nous montrons ici la dernière aventure de la série, L’affaire N.P. de 1966. Les planches font partie du fonds de Nic Weber, qui les a probablement reçues en vue d’une publication. L’intrigue se noue autour d’un microfilm qui sert de « MacGuffin » pour lancer Murdstone et Alden dans une « course hallucinante autour du monde », en passant par Londres, Paris, Luxembourg, Ankara, Kaboul, Tokyo, Rio de Janeiro et Liverpool.
Tout au long de la série, l’accroche narrative reste proche de celle de Jacobs. Les longs discours et les descriptions détaillées sont rédigés dans un français littéraire, parsemé d’exclamations et de petites bribes en anglais, pour souligner le fait que Murdstone et Alden parlent anglais entre eux.
Le graphisme s’apparente à la ligne claire popularisée par Hergé et Jacobs. Le travail autour des détails des décors et des personnages laisse deviner la quantité de recherches effectuées par Paul Katow pour arriver à des reproductions aussi proches du réel. Le cadrage des cases et la composition des planches témoignent d’un œil aguerri à la structure et aux moyens narratifs de la bande dessinée. La complexité des intrigues et la qualité des dessins indiquent que les bandes dessinées ont été préconçues jusqu’à la dernière planche bien avant de passer à l’exécution proprement dite.
C’est probablement en raison de l’absence de moyens de publication et de perspectives dans le domaine de la bande dessinée au Luxembourg qu’aucune de ces bandes dessinées n’a jamais été publiée.
Claude Kremer