En 1957, l’auteur Max Goergen (1893-1978), fils du poète national Willy Goergen, et sa femme Aline Jacoby emménagent dans leur maison de Wilwerwiltz - située 3, An Aasselbaach - encore connue sous le nom « Sproochenhaus ». C’est l’endroit que le couple a choisi pour passer une retraite paisible entouré d’environ 32.000 livres qui occupent les combles de cette vaste maison de campagne que leur neveu, Lucien Jacoby (1923-1999), légua à l'a.s.b.l. EBLUL-Lux dans le but qu’elle y gère la bibliothèque d’auteur et œuvre pour la langue luxembourgeoise en créant un lieu vivant de rencontre culturelle.
Suite à la dissolution de cette association, l’État hérita de la maison et chargea le Centre national de littérature de faire répertorier les ouvrages constituant la plus grande bibliothèque d’auteur du Luxembourg. À ce jour, plus de 10.000 imprimés (dont certains sont signés, dédicacés, munis de cachets ou contiennent de précieuses feuilles volantes) ont été saisis dans un fichier Excel qui constitue la base d’une future banque de données consultable en ligne.
Parmi ces imprimés, il y en a assurément qui méritent d’être redécouverts. Tel p.ex. le guide touristique Fels und seine Umgegend. Ein Führer zum Gebrauche für Natur-, Kunst- und Alterthumsfreunde publié en 1897 par le Dr. Victor Dasburg (1862-1949), médecin et historien local à Larochette qui, amoureux de son village, fit aménager des sentiers de promenade et se consacra à le faire connaître, entre autres par une très remarquée étude sur les seigneurs de Fels et les ruines du château publiée en 1938 dans les « Cahiers luxembourgeois ».
Le marcheur avisé prendra plaisir à plonger les yeux ouverts dans ce docte livret où l’auteur écrit : « [...] Aber nicht blind darf man einhergehen, sondern offnen Auges auf jeden Schritt und Tritt : sei es, dass man die Blumen am Wege, die Steine der Hügel, die Thiere am Boden, das Geflügel der Luft beobachtet [...] überall findet man Stoff zu regen Betrachtungen.»
Évoquant dans les premiers chapitres la géologie et la topographie typiques de la région de Larochette, l’auteur y fournit également de nombreux éléments historiques expliquant l’origine du nom de « Fels » ou décrivant le sort de son imposant château détruit par l’ennemi en 1683 et restauré continuellement au cours des dernières décennies.
Suivent les descriptions des promenades de Victor Dasburg qui n’ont rien perdu de leur exactitude et permettent au randonneur de s’orienter parfaitement. On en jugera d’après le passage suivant: «Ein Zickzackpfad in dem Abhang hinter der Kirche führt zu der bewaldeten Anhöhe empor, genannt Himmelberg. Auf einem erbreiteten Platze ist vor etlichen Jahren eine Weisbuchenlaube angelegt, welche an heißen Tagen den dort zur Mittags- und Abendzeit mangelnden Schatten späterhin ersetzen soll. Von dem freien Raume vor der Laube genießt man eine entzückende Aussicht auf Fels, namentlich die Bleiche und das sog. alte Fels. Die waldbekrönten Höhenzüge gegenüber zeigen uns die stattliche Burgruine und den Verlorenkost.»
Leur fraîcheur, voire leur délicatesse nous invitent sur un des nombreux sentiers qui ont su préserver au fil des âges ... et leur apparence et leur charme : «Dem Blumenfreund will ich verrathen, dass zur Maienzeit der anstoßende Osterbourknapp der duftenden Mairöschen reichste Fülle spendet; im Juli und August aber welch’ herrliche Labung an den hier so üppig wachsenden Heidelbeeren ! Ungezählt lugen die blauen Köpfchen hervor zwischen dem sanften Blättergrün des zierlichen Haidestrauches und gemahnen uns, nur recht wacker zuzugreifen und zu kosten von diesen niedlichen Früchten der ungezähmten Natur.»
Martine Künzer