Objet du mois

Léo Lauer

Un danseur luxembourgeois aux jardins de Yakimour.
LeoLauer
Les danseurs Youly Algaroff, Léo Lauer, Boris Traïline et Yvette Chauviré dans un tableau chorégraphique présenté aux jardins de la villa Yakimour ; assis le chorégraphe Serge Lifar et la Bégum Aga Khan.
Photo : Lido. CNL L-371 fonds Léo Lauer.

Une carrière internationale dont les débuts remontent à l’entre-deux-guerres, de longues années d’activité au sein des ensembles les plus prestigieux, partenaire de Zizi Jeanmaire, conseiller chorégraphique de Charlie Chaplin, instructeur de Brigitte Bardot… Le Luxembourgeois Leo Lauer (1914-1993) fournit un exemple biographique peu commun pour un danseur de son époque.

Né à Ettelbruck dans une famille passionnée autant par le progrès technique que par la pratique des sports, Lauer accomplit d’abord une formation de technicien et décide ensuite de se consacrer à la danse – sans toutefois avoir jamais bénéficié d’un entraînement méthodique. Au début des années 1930, le jeune homme intrépide prend la route de Paris. Grâce à ses aptitudes exceptionnelles, il est admis d’emblée à la prestigieuse Ecole de l’Opéra. Après trois ans d’études seulement, il fait ses premiers pas en tant que danseur professionnel sur les planches du Rex. Des offres lucratives ne tardent pas à s’enchaîner, mais Lauer, désireux de perfectionner son art, rejette même la collaboration avec Joséphine Baker, figure de proue des variétés dansantes de l’époque. En 1936, on le retrouve à Londres au Palace Theatre, puis, de retour en France, il se produit sur les scènes les plus réputées : la Gaîté-lyrique, le Lido des Champs-Elysées, le Théâtre du Casino Municipal de Cannes ou encore le Casino du Grand Cercle d’Aix-les-Bains.

C’est probablement à Aix-les-Bains que Lauer rencontre, à la fin des années 1930, le célèbre danseur et chorégraphe Serge Lifar, héritier des légendaires Ballets russes fondés en 1909 et représentant toujours le vecteur incontournable du renouveau de la danse scénique. En 1945, Lauer le rejoint aux Ballets de Monte-Carlo et connaît, d’abord comme soliste, puis comme maître de ballet, l’une des plus fructueuses périodes de sa carrière. Il participe à plusieurs créations considérées aujourd’hui comme de éminents exemples de la danse néoclassique : Suite en blanc, Istar, Aubade, Drama per musica.

L’adhésion à la compagnie de Lifar ne lui permet pas seulement de collaborer avec les artistes les plus connus de son temps, mais, comme le montrent de nombreux documents personnels, elle lui facilite en même temps la rencontre avec de grands acteurs de la vie politique et sociale, comme Aga Khan III, le leader spirituel des Ismaélites. En octobre 1944, Lauer est ainsi invité à interpréter une danse lors de son mariage avec la Française Yvette Labrousse. Après l’installation du couple à la villa Yakimour sur les hauteurs du Cannet, Lauer présente un tableau chorégraphique dans les jardins de la somptueuse résidence, à côté des danseurs Youly Algaroff, Boris Traïline et Yvette Chauviré. C’est cette image que la presse luxembourgeoise reproduira dans son dernier article consacré à Lauer, une contribution d’Evy Friedrich parue en 1973 dans l’hebdomadaire Revue. Letzeburger Illustre’ert. Depuis 2016, la photo fait partie du fonds L-371 Léo Lauer, confié au Centre national de littérature par Myriam Lauer, la nièce du danseur.                                       

Daniela Lieb

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Page de la Revue. Letzeburger Illustre’ert No. 13, 1973 comportant une reproduction de la photo.

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