Au début de la Première Guerre Mondiale, Nicolas Welter (1871-1951), professeur et homme de lettres, participe à des convois d’aide humanitaire et prête main forte aux secouristes auprès des blessés. Un brassard et une carte d’affiliation à la Société de la Croix-Rouge Luxembourgeoise renseignent sur le cadre de son engagement bénévole. Témoins aussi quelques-uns des poèmes de son recueil contre la guerre, Über den Kämpfen. Zeitgedichte eines Neutralen (Au-dessus des combats. Poèmes d’actualité d’un citoyen [de pays] neutre), paru en 1re édition à Diekirch, en 1915 : dans Drei Stunden in Belgien (Trois heures en Belgique) (le 26 août 1914), l’auteur évoque la croix rouge sur fond blanc qu’arborent les participants d’une mission dont il fait partie et la voiture qui les transporte de l’autre côté de la frontière dans des villages ravagés. Comme pour Die Hungrigen speisen (Le banquet des affamés) (le 10 septembre 1914), c’est une description sans concession de l’insoutenable misère humaine dont il a été témoin en pays conquis, poignante de compassion, d’impuissance, de résignation face à l’absurde de la boucherie, bouleversante aussi de reconnaissance pour les éclairs de joie suscités. Sanitätszüge (Les trains sanitaires) donne une idée de l’atmosphère lugubre en gare de Luxembourg à l’arrivée, la nuit, de ces longs « trains fantômes » silencieux ramenant « des horreurs de la bataille ces hommes aux souffrances indicibles » : après un bref arrêt où des « êtres charitables » s’efforcent de soulager leurs passagers meurtris, les sinistres « lazarets sur roues » repartent avec leur cargaison de « cadavres vivants » …
Le brassard de Nicolas Welter a été montré une première fois dans l’exposition « Au Secours ! La Croix-Rouge au Luxembourg et dans le monde » (Musée d’histoire de la ville de Luxembourg, 16.5.2014-29.3.2015). De facture artisanale, cette pièce très rare a été réalisée en tissu de coton blanc large de 15 cm qu’ornent une croix en tissu rouge y appliquée et quatre tampons violets dont deux indiquent le numéro courant 272. La carte, émise le 28 août 1914, porte la signature du Dr [Auguste] Praum (1870-1928), membre du bureau exécutif de la section nationale de la Croix-Rouge. À noter que cet ancien élève de l’Institut Pasteur et directeur-fondateur du Laboratoire pratique de Bactériologie de l’État est un ami intime du poète. Avec l’ophthalmologue Max Namur (1869-1926), les trois hommes formaient un trio inséparable comme l’indique Julie Welter-Mischo (1873-1972) dans ses mémoires. On sait aussi que l’un au moins des portraits photographiés de l’écrivain et futur ministre (1918-1921) est l’œuvre du Dr Praum.
Le brassard et la carte de membre ont été archivés sous la cote L-44 ; III.1-202.
Antoinette Welter