Il y a tout juste 111 ans, Nicolas Welter, jeune poète à l’époque professeur au gymnase de Diekirch, s’est vu décerner le titre de membre d’honneur du Félibrige : cette société littéraire avait été fondée en 1854 au château de Font-Segugne dans le Vaucluse par une pléiade de poètes animés du désir de restaurer les langue et culture occitanes autrefois florissantes.
La décision du « Counsistòri felibren » du 27 mai 1901 d’adopter « Mousju lou dóutour Welter à Diekirch » comme « Sòci dóu Felibrige » est documentée par le présent diplôme rédigé en « langue d’Oc » et signé du « Capoulié » Pèire Devoluy. Elle constitue l'un des témoignages de reconnaissance de l’activité de l’auteur luxembourgeois comme médiateur culturel entre la France et les pays de langue allemande.
Pour l’écrivain-chercheur, l’aventure « provençaliste » a commencé avec la découverte dans une librairie parisienne, en avril 1897, des éditions bilingues d’œuvres de Frederi Mistral : ces vers inondés de soleil, rythmés par les stridulations des Cigales et embaumant les senteurs du Midi, font vibrer l’âme lyrique du Merschois. À peine un an après avoir présenté dans le Programme 1898-99 de son lycée la vie et l’œuvre du poète avignonnais Jóusè Roumanille, il publie en Allemagne sa monographie Frederi Mistral. Der Dichter der Provence, illustrée de vers traduits par ses soins. C’est le début d’intenses échanges transfrontaliers : déjà en correspondance depuis 1897, Welter et Mistral font connaissance à Maillane (Bouches-du-Rhône) en été 1900 ; à son tour, la petite ville de Diekirch accueille des éminences grises des lettres romanes (Jules Ronjat, Eduard Koschwitz) et le Luxembourgeois est invité par la « Litterarische Gesellschaft » de Koenigsberg pour y présenter Teoudor Aubanel, le « chantre provençal de la Beauté » à qui il a dédié sa troisième monographie (Marbourg 1902). Publié en traduction française (Marseille 1904), cet ouvrage fait autorité depuis. Pour Welter, les voyages en Provence se succèdent : en mai 1904, il est l’hôte des festivités du 50aire du Félibrige ; les retrouvailles de l’été 1910 avec Mistral et Ronjat et les rencontres avec d’autres figures emblématiques du mouvement félibréen [dont « lou Marquès » (Folcò de Baroncelli-Javon)] auront leur place dans son récit de voyage Hohe Sonnentage (Munich 1912). Ajoutons que Welter et ses amis romanistes d’outre-Moselle ne sont pas étrangers à l’attribution du prix Nobel de littérature 1904 à Frederi Mistral.
Illustré d’une coupe ceinte de motifs floraux (Olivier et Pervenche), le document aux dimensions 29 cm x 41 cm fait partie du fonds partiel Nicolas Welter en dépôt au CNL, riche de près de 6000 pièces.
Antoinette Welter