L'album de poésie de Rosemarie Kieffer

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En juin 2013, le Lycée Robert-Schuman à Luxembourg a confié le legs de l'écrivain Rosemarie Kieffer (1932-1994) au Centre national de littérature, afin d'assurer la future mise en valeur de ces documents. Ceux-ci ont été intégrés au fonds existant L-57 Rosemarie Kieffer. Parmi les carnets de notes et cahiers scolaires se trouve un charmant petit album de poésie. Cet album, la jeune fille l'a entamé en janvier 1944, peu après son onzième anniversaire, lorsqu'elle était en sixième année primaire. La toute première page porte déjà une irrégularité intéressante: Rosemarie Kieffer y a inscrit son nom, mais on remarque qu'elle écrit Rosmarie, sans e. C'est de cette façon qu'elle a également marqué ses livres de jeunesse aujourd'hui intégrés au fonds, par exemple un exemplaire des contes de Hans Christian Andersen.

Plus tard, lorsqu'elle signe ses récits et critiques littéraires, elle utilise invariablement Rosemarie. On peut spéculer que la variante Rosmarie est une germanisation due à l'occupation du territoire luxembourgeois par les troupes allemandes depuis 1940. En tout cas, les pages datant de l'après guerre portent presque toutes la variante Rosemarie, comme par exemple celle de sa "soeur guide" Laury New du 3 septembre 1945. Elle commence son petit poème par un "Chère Rose-Marie". Jacqueline Nieder par contre entame son quatrain en anglais, daté du 15 juillet 1948, par "Rosmarie".

En feuilletant l'album, on y retrouve des dessins, poèmes et bons voeux des camarades de classe de l'école primaire et secondaire de Rosemarie Kieffer, les plus récents datant de 1948, lorsque la jeune fille fréquentait la IVe latine du Lycée des jeunes filles à Luxembourg. Cet établissement n'est autre que le futur Lycée Robert-Schuman, où Kieffer sera par la suite professeur de français.

Vers la fin de l'album, on trouve une dizaine de pages assez remarquables qu'on n'irait pas forcément chercher dans l'album de poésie d'une jeune fille de onze ans. En effet, plusieurs soldats des forces armées des États-Unis s'y sont inscrits en 1944. Ils n'ont pas seulement signé de leur nom, mais ont pris le temps de faire des dessins élaborés et d'écrire de petites histoires pour celle qu'ils qualifient de "sweet little girl, and one whom I am proud to call my friend". Ces témoignages d'affection amicale expliquent probablement un autre objet curieux du fonds Rosemarie Kieffer. Il s'agit du petit volume de prières My Military Missal, édité aux États-Unis en 1942 pour les forces américaines déployées pendant la Seconde Guerre mondiale. On peut concevoir que, peut-être, un des soldats lui a laissé son livre de prières. L'album de poésie permet d'envisager une autre possibilité. Un certain corporal Edward L. Martin y écrit: "Best wishes to Rosmarie and her parents for the grand dinner, I'll always remember it." Il se peut donc que Martin ou un de ses camarades ait tout simplement oublié le missel en quittant la maison des Kieffer à Luxembourg-Ville.

Sandra Schmit

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